Tout le monde en parle et vous le crie bien fort: «Tu devrais lâcher prise!».
Oui mais qu’est ce que cela veut dire exactement? Et comment faire pour exercer ce lâcher prise? Qu’est ce que ça change finalement …Et surtout par où commencer?
Focus sur ce mot qui fait peur: Le lâcher prise
Pour en donner une explication, faudrait-il encore savoir ce à quoi nous tenons tant, pour savoir ce qu’il nous faut lâcher?
Interrogez-vous, en faisant preuve de la plus grande transparence possible: Qu’est-ce qui vous tient vraiment à coeur à tel point que vos pensées soient focalisées dessus, comme si plus rien d’autre n’avait d’importance? Quel sujet, quelle phrase, quelle remarque peuvent vite vous faire sortir de vos gonds? Quelle est l’activité à laquelle vous êtes lié, attaché, voire dépendant…Que ce soit au niveau du travail, de votre vie amoureuse, votre famille, vos enfants, peut-être est-ce même le cumul de toutes ces choses… Ces ruminations quotidiennes qui vous font soi-disant «tenir» dans votre vie, qui vous font sentir vivant de par la souffrance ressentie, et qui deviennent petit à petit votre propre prison dans laquelle l’angoisse, le stress et l’épuisement en sont les gardiens.
Progressivement c’est comme si vous tombiez au fond d’un abîme avec une difficulté croissante de se relever. Et chaque jour cette chute est plus grande.
Comment se sortir de cette spirale?
S’en rendre compte est déjà un bon début. Prendre conscience que quelque chose se passe en vous, quelque chose qui n’est pas agréable, quelque chose qui n’est pas habituel, mais quelque chose qui s’installe de façon insidieuse. Alors prenez le temps pour vous poser les questions suivantes : « Qu’est-ce qui m’arrive ?, Qu’est-ce-que je ressens? »
«Les maux : ou le mal-a-dit" »
Il arrive que la prise de conscience est trop tardive, et le corps se met à parler. Les maux expriment notre mal-être contenu à l’intérieur: énervement, pleurs, comportement agressif, troubles du sommeil, troubles de la concentration, syndrome dépressif, pensés envahissantes… puis arrivent les douleurs physiques de plus en plus intenses. Le corps parle, le mal-a-dit.
Et puis se glisse une envie profonde de tout arrêter, de crier, de ne plus s’abandonner à cette sensation d’être englouti dans un tourbillon incessant qui nous entraîne dans ce gouffre inconnu, encore plus noir, plus froid, encore plus seul…
STOP, il est temps de réagir!
Vous pouvez vous autoriser à vous arrêter, vous avez le droit de dire CA SUFFIT, avant de descendre trop bas, dans cette spirale infernale!!! Vous avez le droit d’espérer une vie plus calme, d’avoir une lecture plus simple des évènements que vous vivez.
Alors par où commencer?
- Déjà se poser et faire du tri dans sa vie à tous les niveaux: je vous invite à explorer tous les champs de votre vie en commençant par celui qui vous pèse le plus, en mettant de côté tout jugement. Le but n’est pas de vous accabler par le poids de vos pensées, mais bien au contraire de vous alléger! Vous pourrez par exemple mettre par écrit tout ce qui vous contraint dans les différents domaines de votre vie : famille, travail, relationnel, activité …. Cette liste est bien sûr non exhaustive. Il n’est pas question de tout balayer, de ne plus s’occuper de ses enfants et de remettre des dossiers importants en retard à son patron! Il s’agit simplement d’apprendre à hiérarchiser les tâches, à déterminer ce qui est d’une urgence absolue, (comme ne pas laisser ses enfants à la sortie de l’école sur le trottoir) et ce qui peut attendre plus tard (par exemple, faire le ménage).
- Se poser les bonnes questions, pour entraver cette volonté de tout vouloir contrôler: Une fois ce tri effectué, réfléchissez bien, en passant en revue chaque domaine cité plus haut : «Finalement, si tout ça n’existait plus, qu’est ce qui se passerait pour moi? Qu’est-ce que cela changerait ?Est ce que je pourrai, à certains endroits de ma vie, refuser de tout contrôler, en particulier ce qui ne dépend pas de moi. Est ce que je pourrai arrêter de me culpabiliser à outrance? Est-ce que accueillir les choses simplement pour ce qu’elle sont, et non comme je voudrais qu’elles soient, serait-il envisageable? Serai-je prêt à accueillir ce qui m’entoure avec un nouveau regard? ».
- Commencer par laisser résonner l’idée que tout n’est pas forcément sous contrôle : Comment cela retentit t-il en vous? Quel écho laisse t-il en vous? Quelles manifestations surviennent en vous quand évoquez la possibilité que vous pourriez ne pas avoir de contrôle sur tout? Ne serait-ce pas plus simple d’entrevoir les choses comme elles sont, à leur juste valeur, sans leur accorder plus d’importance que le fait lui même? Ne serait-ce pas plus simple d’accueillir l’idée que les autres peuvent avoir un regard différent de vous sur une même situation, sans que cela engage votre responsabilité ou votre faute? Et quel sens donnez-vous au mot accueil ?
- Vivre l’instant présent, tel qu’il se présente: Etre dans l’instant évite la fuite dans ses pensées; Remettre de la conscience dans tous nos actes quotidiens nous soulage d’une grande souffrance induite par des pensées obsessionnelles sans but; Revenir à l’essence même de la vie, conscient de tous nos sens à l’affût: le bonheur simple d’un contact chaleureux, d’un sourire , ou d’un mot amical….Et si des moqueries ou des critiques ont lieu, ne pas s’y attarder, mais plutôt souffler dessus comme le vent souffle sur le sable pour en effacer les traces, comme pour renvoyer ces mots vers son auteur, car ils lui appartiennent, et n’ont de ce sens que lui.
- Chercher l’harmonie pour vous permettre d’avancer: Se sentir vivre, épanouie en harmonie avec son corps et son esprit; être à l’écoute de ce qui bouge et résonne en soi; être conscient de ce qui est moins bon pour soi, mais surtout se concentrer davantage sur ce qui est positif pour soi, pour en renforcer ses bienfaits. Respecter les priorités prescrites selon ses besoins, et pas selon ses désirs et encore moins en fonction de ceux des autres.
ET la sophrologie dans tout ça?
Vivre l’instant présent, porter son attention sur ses ressentis, reconnaitre et respecter ses besoins: ne serait-ce pas l’un des buts de la sophrologie? Accéder à des valeurs humaines intraséques et personnelles pour vivre en toute congruence avec soi même, puis avec les autres?.
La sophrologie est simplement un outil parmi tant d’autres, une fenêtre qui s’ouvre sur un chemin différent: le chemin de la réconciliation avec ses besoins profonds, avec ses valeurs enfouies dans son être.
Grâce à des différents exercices de respiration, la sophrologie permet de se recentrer sur soi, en mettant de côté un instant ce qui nous entoure et nous ronge progressivement.
A l’aide d’exercices d’ancrage, la connexion à la terre et au monde autour de soi devient plus forte, plus solide. Nous vivons alors cette notion du temps présent, cette idée d’être inscrit dans ce temps bien vivant, ici et maintenant, par la présence de nos points d’appuis et la présence de notre corps ressenti et vécu.
Puis par des techniques spécifiques nous pourrons alors apprécier un état de détente et de relâchement, prendre de la hauteur par rapport à la situation vécue, reconnaitre des capacités enfouies en chacun d’entre nous, et avec de l’entrainement, développer un regard différent sur les évènements et sur nous mêmes. Ce Nouveau Regard nous invite à prendre conscience que finalement la première responsabilité que nous avons dans ces situations vécues comme stressantes ou désagréables, c’est la manière dont nous percevons les choses, et dont nous les vivons, et certainement pas la responsabilité de la situation elle -même.
La finalité du lâcher prise?
- Être libre de faire des choix pour soi avant de les faire pour les autres, et surtout s’en déculpabiliser.
- Ne rien attendre des autres, vivre sa vie pleinement pour soi
- Se sentir plus léger, et en même temps, plus solide dans ses relations au quotidien, en arrêtant de juger, de condamner, ou de s’enfermer dans des pensées parasites.
- Accroitre sa confiance en soi, en se libérant de ses jugements négatifs.
- Développer son intuition, en osant ouvrir des portes différentes, en osant se surprendre, en osant échouer et recommencer encore et encore, en osant arrêter de tout contrôler même si c’est pour un instant de sa vie.
- Vivre, se sentir exister, et surtout connaitre la congruence entre ce que je suis, ce que je veux, ce que je fais
Sophrologie et lâcher prise pour les familles avec les enfants?
Le lâcher prise dans les familles est une qualité presque indispensable quand on réfléchit à mettre en place une éducation bienveillante au sein de son cocon familial.
L’envie de vouloir changer et de faire évoluer les relations au sein de sa famille est un bon début, mais cela ne suffit pas toujours. Le besoin de lâcher prise se fait sentir, afin d'initier une métamorphose dans les relations, que ce soit du côté des parents comme des enfants. Faire une séance de sophrologie en famille constitue un soutien dans le cheminement du changement.
Il est préférable que les membres qui y participent soient volontaires. Le temps pré-sophronique, avant la pratique, est un temps qui permettra de bien déterminer les objectifs de la famille, en espérant trouver un compromis entre chacun de ses membres. Les notions de non jugement, bienveillance et de liberté de parole seront transmises à l’ensemble des partenaires. Et pour cela, la mise en place d’un bâton de parole fluidifiera la communication au sein du groupe.
Comme je le disais, la volonté seule n’est pas toujours suffisante. Encore faut-il s’accepter tel que nous sommes, pour se sentir capable d’aborder ce changement de manière positive. La première étape sera alors de porter un regard bienveillant sur soi, rempli de douceur. Pour cela, nous pouvons utiliser notre meilleur allié, la respiration, mais aussi notre baromètre émotionnel en utilisant «la météo du jour», où chacun des acteurs va identifier son propre état émotionnel, à l’instant T.
Puis chacun réfléchira de manière individuelle à ce qu’il est prêt ou pas de lâcher. Et avec les enfants il faut négocier, et parfois accepter en tant qu’adultes que les priorités soient différentes. En fonction de l’âge des enfants, l’approche ne sera pas la même selon le niveau de compréhension, mais le but restera identique: laisser à chaque membre de la famille une juste place qu’il conviendra de travailler ensemble et de respecter par la suite. Enfants comme adultes apprendront à respecter davantage les rôles déterminés s’ils ont été choisis ensemble. Ici il ne s’agit pas de laisser tout pouvoir à un enfant, comme par exemple de le laisser décider s’il doit ou pas faire ses devoirs; A la place de comprendre pourquoi il décide de ne pas les faire, nous aurons tendance à lui demander ce qu’il aurait besoin pour les faire. Et la différence est subtile. Nous ne sommes plus dans la recherche de la cause, donc d’une faute qui incombe à l’enfant, mais nous parlons en terme de besoin: L’enfant se sent alors écouté, aidé, et surtout non jugé.
Par la sophrologie, on pourra alors renouer des liens fragilisés peut-être avec le temps. Vivre une séance ensemble où chacun devra déjà apprendre à se (re)faire confiance pour faire confiance à l’autre.
Les ateliers en duo sont particulièrement efficaces. Par exemple, des exercices de respiration conjointe, où la respiration fini par se synchroniser, seront les bienvenus pour retrouver une certaine connivence.
Par des jeux d’ancrage, le duo sentira chacun à son tour, l’équilibre, la force, la responsabilité de porter l’autre, les sensations de résistance ou d’acceptation.
Après avoir expérimenté le relâchement musculaire, la libération de ses propres tensions et l’activation d’une belle énergie, la famille pourra vivre une séance qui invitera chacun des membres à s’imaginer en train d’échanger avec un autre membre de sa famille , et d’en percevoir ses sensations (à l’aide de ses 5 sens ). Ainsi chacun sera libre de vivre son expérience pour lui, avec la possibilité de s’être imaginé pouvoir exprimer à la personne de son choix un ressenti qu’il n’avait jamais encore osé lui dire. Cela peut-être un souhait inachevé, un besoin profond, un sentiment à lui transmettre. Nous laissons encore une fois la conscience de chacun faire son travail, et parcourir le chemin qu’elle doit parcourir.
Le temps de phénodescription, temps qui succède directement à la technique, renforcera l’écoute au sein de la famille, à condition qu’il soit respecté dans toute sa globalité: écoute, non jugement, respect de ce qui est prononcé. Des prises de conscience pourront éventuellement se faire, et peut-être que des évidences viendront spontanément éclairer des membres familiaux sur ce qu’ils ont à lâcher pour reconstruire ou fortifier davantage.
Laetitia WURTZER
Sophrologue, enfant, adulte, ado sur CHELLES
Spécialisation enfance et périnatalité, et en sophroludique.
Infirmière puéricultrice, animatrice massage bébé et en yoga kids.
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